Comment l’hypnose peut aider les enfants et les adolescents à surmonter les défis scolaires ?
L’école est une étape essentielle de la vie de nos enfants. Outre l’apprentissage académique, c’est aussi un lieu de socialisation, de découverte de soi et parfois de confrontation à divers défis. Les difficultés d’apprentissage, le stress des examens, la peur de parler en public ou même les conflits avec les pairs peuvent affecter leur bien-être. Face à ces défis, comment peut-on aider nos enfants à mieux gérer ces situations ?
L’hypnose offre une solution de choix, notamment l’autohypnose, car elle donne de l’autonomie. La compréhension de son propre fonctionnement interne grâce à la psychoéducation, combinée à la pratique régulière d’exercices d’autohypnose, peut permettre aux enfants et adolescents de mettre en place des routines qui seront également très utiles à l’âge adulte. Il est d’ailleurs de plus en plus admis par certains professionnels de l’éducation que ces techniques pourraient avoir une place précieuse dans les programmes scolaires pour aider les élèves à mieux gérer leur bien-être.
S’ils sont disposés à entreprendre un travail sur eux mêmes, les enfants et les adolescents sont généralement très réceptifs à l’hypnose. Leur imagination fertile et l’absence de croyances limitantes leur permettent d’accueillir pleinement les bienfaits de cette pratique, les aidant ainsi à surmonter diverses difficultés liées à leur vie scolaire et leur futur vie d’adulte.
Démystifier et gérer le stress et de l’anxiété
La distinction entre stress et anxiété
- le stress est une réaction physiologique normale face à une situation perçue comme menaçante, s’il est bien dosé, il peut donc être utile et bénéfique. Le stress est vécu dans l’instant présent.
- l’anxiété est une émotion ressentie lorsqu’une situation est interprétée comme une menace potentielle, c’est une peur par anticipation.
La pression de la performance
Beaucoup d’enfants1 ressentent du stress face aux examens, aux devoirs ou même à l’idée de s’exprimer en classe. Gisèle George, psychiatre et psychothérapeute, souligne que les enfants sont de plus en plus soumis à une « tyrannie de la performance et de l’apparence », où ils sont constamment poussés à faire mieux. Cette pression constante peut conduire à une peur de décevoir, tant pour l’entourage que pour eux-mêmes et peut potentiellement générer de l’anxiété. Il ne s’agit pas dans cet article de développer toutes les approches pour la régulation du stress et de l’anxiété chez les jeunes mais voici quelques pistes de réflexions.
Stratégies pour gérer le stress
Pour la gestion du stress, on peut proposer d’apprendre des techniques de relaxation et de focalisation pour mieux gérer les situations où le stress devient trop présent. En se détournant du stress, en pensant « à autre chose », comme en focalisant son attention sur la respiration (cohérence cardiaque), le stress diminue. Cela peut paraître extrêmement simple mais cela fonctionne à condition d’avoir réçu un minimum d’entraînement et de préparation.
Comprendre les mécanismes de l’anxiété
En ce qui concerne l’anxiété de manière générale, la compréhension du phénomène par l’enfant ou l’adolescent peut être une clé majeure pour favoriser l’auto-régulation. En mettant des mots sur leurs émotions, en identifiant les déclencheurs et en reconnaissant les symptômes, l’enfant ou l’adolescent peut développer une conscience accrue de ses réactions. Une fois qu’ils comprennent ce qu’ils ressentent et pourquoi ils le ressentent, ils peuvent être mieux équipés pour utiliser des stratégies pour faire face à ces émotions ou même pour les prévenir. L’hypnose intervient précisément ici, en utilisant des techniques spécifiques pour aider l’enfant à mieux appréhender et gérer ses émotions. Selon l’âge et la personnalité de l’enfant, le praticien en hypnose utilise des métaphores, des histoires ou d’autres techniques visuelles, rendant ainsi l’expérience plus accessible et bénéfique pour l’enfant donc voici un exemple.
Exemple pratique : La métaphore du robot
Imagine que ton cerveau est comme un petit robot. Ce robot a une sirène d’alarme appelée « Amy ». Chaque fois qu’Amy pense qu’il y a un danger, même si c’est juste un petit danger comme voir un bâton et penser que c’est un serpent, elle sonne très fort pour alerter le robot. Maintenant, le robot a aussi une grande bibliothèque pleine de livres qui lui disent comment réagir à différentes situations. Cette bibliothèque s’appelle « Cortex ». Quand Amy sonne l’alarme, le robot court vers la bibliothèque pour chercher dans les livres ce qu’il doit faire. Parfois, Amy sonne l’alarme trop fort ou trop souvent, même quand il n’y a pas de vrai danger. C’est comme si ton jouet préféré faisait du bruit tout le temps, même quand tu ne joues pas avec lui. Cela peut être embêtant, n’est-ce pas ? Eh bien, c’est là qu’intervient l’hypnose. Tu vas pouvoir aider le robot à calmer Amy. Tu va lui montrer comment lire les bons livres dans la bibliothèque pour comprendre que tout va bien et qu’il n’y a pas de danger. Ainsi, même si parfois Amy sonne l’alarme, le robot saura comment la calmer et te faire sentir en sécurité et heureu.se.
Le renforcement de la confiance en soi
La confiance en soi dans le contexte scolaire
La confiance en soi est souvent perçue comme la clé qui ouvre la porte à de nombreuses opportunités dans la vie. Elle influence notre capacité à prendre des décisions, à nous affirmer et à persévérer face aux défis. Dans le contexte scolaire, cette confiance est parfois mise à mal par le système de concurrence. Si ce fonctionnement peut être un moteur pour certains, il peut aussi porter préjudice à d’autres élèves malgré leurs capacités intrinsèques. Trouver ou retrouver une solide confiance en soi qui aurait pu être ébranlée par le système scolaire peut aider l’enfant à poser des questions, à participer activement en classe et à s’engager dans des activités parascolaires.
L’estime de soi, un élément indissociable
Lorsque nous parlons de confiance, il est également important de mentionner son corollaire, l’estime de soi. L’estime de soi est la valeur que l’on s’accorde, et elle joue un rôle essentiel dans la façon dont on se perçoit et interagit avec le monde. Un enfant avec une faible estime de soi peut se sentir indigne ou penser qu’il ne mérite pas le succès ou l’appréciation.
L’impact de l’hypnose sur la confiance et l’estime de soi
L’hypnose peut jouer un rôle crucial ici. En séance d’hypnose, l’enfant ou l’adolescent peut être guidé dans une expérience où il se voit réussir, s’affirmer et ressentir un sentiment d’accomplissement. Ces scénarios positifs, lorsqu’ils sont répétés, peuvent remodeler l’image que l’enfant a de lui-même. En outre, l’hypnose peut aider à identifier et à contrer les croyances limitantes ou négatives que l’enfant pourrait avoir sur lui-même, en remplaçant ces croyances par des affirmations positives.
Le rôle du langage corporel
En parallèle, il est à noter que le langage corporel joue un rôle significatif dans notre perception de nous-mêmes et la façon dont nous sommes perçus par les autres. Amy Cuddy, une chercheuse en psychologie sociale, a souligné dans sa conférence TED que l’adoption de postures « de puissance » peut influencer positivement notre confiance et estime de soi. Adopter des postures affirmées peut ainsi remodeler notre mentalité et notre image intérieure. Vous pouvez regarder sa conférence inspirante ici.
Techniques d’autohypnose pour renforcer la confiance
De plus, des techniques spécifiques peuvent être enseignées aux enfants pour qu’ils puissent les pratiquer seuls. Par exemple, des exercices d’autohypnose qui les encouragent à se visualiser dans des situations où ils se sentent confiants et compétents. Avec le temps et la pratique, ces images positives peuvent devenir une partie intégrante de leur psyché, renforçant ainsi leur confiance et estime de soi au quotidien.
En résumé, la confiance en soi ne se limite pas à la manière dont nous nous percevons, mais elle influence également la manière dont nous sommes perçus par les autres. En renforçant cette confiance chez les enfants dès leur plus jeune âge, nous leur donnons les outils pour s’épanouir, prendre des initiatives et aborder l’avenir avec optimisme et assurance.
L’amélioration de la concentration
Les défis contemporains de la concentration
La concentration est une compétence fondamentale pour la réussite scolaire. Dans un monde où les distractions sont omniprésentes, de nombreux enfants trouvent difficile de maintenir leur attention sur une tâche donnée pendant une période prolongée. Que ce soit à cause des notifications incessantes des ordinateurs et smartphones, de la surcharge d’informations ou simplement des défis internes comme le bavardage mental, la concentration peut être un véritable défi.
La technique du « levier de vigilance »
L’une des techniques que j’utilise régulièrement dans ma pratique est celle du « levier de vigilance » qui m’a été enseignée par Antoine Garnier, praticien et formateur en hypnose. Il s’agit d’une méthode psychocorporelle visant à rééduquer fonctionnellement la personne à focaliser son attention. Elle offre à l’enfant la capacité de réguler son niveau d’attention, en particulier lors de tâches nécessitant une concentration intense comme les devoirs à la maison ou pendant un examen.
L’hypnose, un outil pour renforcer l’attention
En outre, l’hypnose peut également aider à identifier d’éventuelles causes sous-jacentes des distractions, qu’elles soient émotionnelles, physiologiques ou cognitives, et travailler à les résoudre. Avec une pratique régulière, l’hypnose peut aider les enfants à développer une concentration robuste, leur permettant non seulement de mieux réussir dans leurs études, mais aussi de gérer plus efficacement les multiples sollicitations de leur environnement.
La gestion des phobies scolaires
Définition et origine de la phobie scolaire
La phobie scolaire ne se résume pas à une simple « peur de l’école ». Les travaux récents menés par une équipe de l’Inserm mettent en lumière la complexité et la gravité de ce phénomène, particulièrement accentué suite à la crise sanitaire2. Selon Laelia Benoit, pédopsychiatre et sociologue au CESP de Villejuif, la véritable phobie scolaire se définit par une vive détresse émotionnelle face à l’école. Cette forme spécifique d’anxiété, nommée « refus scolaire anxieux » (RSA), touche entre 1 et 2 % des élèves à travers tous les niveaux d’éducation.
Facteurs déclencheurs
Ce trouble peut être déclenché par différents facteurs, tels que la peur de l’échec, des moqueries et des situations sociales tel qu’une séparation des parents. Il est crucial de distinguer la phobie scolaire d’un simple refus d’aller à l’école lié à d’autres causes, telles que le harcèlement, des problèmes de discipline ou des difficultés d’apprentissage.
L’hypnose comme soutien face à la phobie scolaire
Bien que la prise en charge de la phobie scolaire nécessite une collaboration entre les professionnels de santé, la famille et l’école, l’hypnose se présente comme une solution d’accompagnement efficace. L’objectif est de métamorphoser les perceptions et réactions émotionnelles négatives liées à l’école en des ressentis positifs, permettant à l’enfant de regagner confiance et sérénité. La première étape est d’établir un climat de confiance. Les trois étapes fondamentales de l’hypnose, « rejoindre », « accepter » et « conduire »3, trouvent toute leur importance ici : le praticien instaure un climat de confiance et d’écoute active tout en évitant d’imposer des vérités ou perceptions personnelles, accepte les sentiments, les émotions de l’enfant, puis le guide vers un changement. En état d’hypnose, l’enfant est alors amené à visualiser un environnement scolaire où il se sent en sécurité et surmonte ses peurs. Au fil des séances, ces nouvelles perceptions sont renforcées et s’intègrent peu à peu dans son quotidien, l’aidant ainsi à combattre progressivement sa phobie scolaire.
Le rôle crucial des parents
Enfin, les parents jouent un rôle primordial dans la prise en charge de la phobie scolaire. Ils sont souvent les premiers à détecter les signes de malaise chez leur enfant et peuvent contribuer significativement à bien-être. Cependant, certains comportements, bien que motivés par la bienveillance, peuvent involontairement exacerber l’anxiété de l’enfant. Par exemple, des réactions excessivement protectrices ou, à l’inverse, des attentes trop élevées peuvent mettre l’enfant sous une pression supplémentaire. Il est donc essentiel que les parents soient informés et formés sur les meilleures façons d’accompagner leur enfant. Des séances conjointes avec l’enfant peuvent parfois être bénéfiques pour instaurer un dialogue ouvert et comprendre les besoins réels de l’enfant. De plus, établir une communication efficace entre les parents, l’école et tout professionnel accompagnant l’enfant renforce le réseau de soutien autour de lui, optimisant ainsi les chances d’une évolution positive.
La résolution des conflits interpersonnels
Les relations interpersonnelles durant l’enfance et surtout à l’adolescence sont souvent teintées d’une complexité inhérente à cette période de la vie. Les adolescents font face à de nombreux défis : la pression constante de leurs pairs, des émotions fluctuantes, la quête d’une identité propre et les fluctuations hormonales. De plus, leur désir croissant d’indépendance les rend particulièrement vulnérables aux conflits. Ces désaccords peuvent aller de simples malentendus à des disputes plus sérieuses. Chaque conflit, quel que soit son degré de gravité, a le potentiel de laisser une empreinte sur le bien-être émotionnel de l’individu.
L’ado à facettes : quand le cœur balance entre plusieurs « moi »
Les adolescents, au milieu de leurs tumultes émotionnels, ressemblent parfois à un kaléidoscope d’humeurs et d’attitudes. Et surprise, les adultes ne sont pas si différents ! En chacun de nous cohabitent plusieurs « facettes » ou « parties » de notre personnalité, chacune ayant ses propres désirs, peurs et besoins.
Le concept d’avoir plusieurs « moi » intérieurs n’est pas nouveau. Il trouve ses origines dans des approches thérapeutiques comme l’Internal Family Systems (IFS), qui voit chaque individu comme une collection de parties subpersonnelles. Chaque partie a son rôle, sa fonction, et contribue à la dynamique globale de la personne.
En utilisant l’hypnose pour guider les adolescents dans une introspection, on peut les aider à dialoguer avec chacune de leurs « facettes ». Cette exploration leur permet de comprendre leurs différentes parties, d’apprendre à les harmoniser, et surtout, de réaliser que chaque personne autour d’eux, y compris les adultes, a aussi son propre ensemble de facettes. Cette prise de conscience est cruciale car elle favorise la compréhension mutuelle, la patience et la tolérance, des éléments clés pour résoudre les conflits interpersonnels.
Explorer le monde à travers les yeux des autres
L’hypnose peut être un outil précieux pour aider les enfants et les adolescents à élargir leur compréhension des émotions et des motivations d’autrui. Guidé par le praticien, l’individu sous hypnose peut être amené à revivre des situations conflictuelles, mais cette fois-ci à travers les yeux d’une autre personne impliquée. Cette immersion dans les ressentis et les pensées de l’autre aide l’enfant ou l’adolescent à saisir la complexité des interactions humaines.
C’est un peu comme chausser des lunettes spéciales permettant de voir le monde à travers le prisme de quelqu’un d’autre. En comprenant mieux les raisons pour lesquelles une personne peut agir ou réagir d’une certaine manière, l’enfant gagne en empathie et en tolérance. De plus, cette clarté nouvellement acquise peut l’aider à anticiper des situations propices aux malentendus et à adopter des stratégies pour les éviter, renforçant ainsi ses compétences relationnelles.
Des outils pour une meilleure communication
La communication, bien que souvent perçue comme une simple compétence, se transforme en un art délicat lorsqu’on y intègre des techniques d’hypnose. Dans le jargon des praticiens en hypnose on parle de communication hypnotique. Voici comment l’hypnose peut élever le niveau de communication des jeunes :
- Écoute active sous hypnose : Sous hypnose, le jeune peut être guidé à travers des exercices qui accentuent l’importance de l’écoute. Ce n’est pas simplement entendre les mots, mais plutôt percevoir les émotions, les intentions et les non-dits derrière eux.
- Reformulation hypnotique : Cette technique enseigne à l’enfant ou à l’adolescent comment paraphraser ce qu’il a entendu. Cela assure non seulement qu’il a bien compris, mais montre également à l’autre personne qu’elle est entendue et valorisée.
- Communication non verbale : L’hypnose peut aider à sensibiliser le jeune à l’importance de la communication corporelle, du ton de la voix et de l’expression faciale. Ces éléments, souvent inconscients, jouent un rôle majeur dans la manière dont le message est perçu.
- Techniques de désamorçage : Sous hypnose, le jeune peut être guidé à visualiser et à pratiquer des scénarios où il utilise des techniques de communication pour désamorcer des situations tendues, évitant ainsi des escalades inutiles.
En maîtrisant ces techniques, les jeunes peuvent non seulement améliorer la qualité de leurs interactions quotidiennes, mais également bâtir des relations plus solides et harmonieuses avec leur entourage.
Si l’hypnose ne peut être considérée comme une baguette magique résolvant tous les problèmes, elle constitue néanmoins un arsenal riche en ressources pour aider les enfants et adolescents à traverser le monde scolaire. Armés de confiance et de sérénité grâce à ces techniques, ils sont mieux équipés pour faire face aux défis académiques et interpersonnels, pour construire des relations saines et pour forger leur propre chemin vers le succès et le bien-être.
- https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/09/01/rentree-scolaire-les-eleves-a-l-epreuve-du-stress_6139733_3224.html ↩︎
- https://www.inserm.fr/actualite/phobie-scolaire-effet-de-mode-ou-realite-profonde/ ↩︎
- Jordan Vérot, Guide Pratique d’Hypnose Rapide, CHN, 2018, p. 62 ↩︎